Hello!
La fin du mois de janvier pointe le bout de son nez, mais en réalité, j’ai surtout hâte que l’hiver tout entier se termine!!!
Marre de voir des mines blasées et fatiguées par le froid, la pluie et peut-être la neige d’ici quelques jours…Pffff!!!
Pour vous réchauffer le coeur et vous redonner le sourire, j’ai choisi de vous présenter une véritable « working Girl », une femme à poigne qui sait rester accessible mais qui, surtout, garde la foi en toute circonstance!
Bonne découverte!
Présentation.
Bonjour, je suis Karla NGUENA AMAN, j’ai 31 ans, je suis juriste à Paris et très attachée à mes noms de famille (rires).
Profession.
Je suis responsable des affaires juridiques au Conseil National des Greffiers des Tribunaux de Commerce.
Il s’agit d’un ordre professionnel sous la tutelle du Ministère de la Justice. Les greffiers sont des officiers publics comme les avocats ou les notaires, mais ils exercent dans le tribunal de commerce (registre du commerce, privilèges et nantissements, procédures commerciales…etc.).
Pourquoi avoir choisi ce métier ?
Concernant le droit, je dirais que je suis tombée dedans étant petite, une mère qui a fait des études de droit qu’elle a arrêtées lorsqu’elle m’a eue, et un père, brillant avocat, avec lequel je n’ai pas vécu mais qui était plein de passion pour son métier et surtout dans la bibliothèque à la maison, l’encyclopédie juridique de l’Afrique pour seule lecture. Le chemin était tracé….
La lecture du « Dernier jour d’un condamné » de Victor HUGO, en classe de 1ère, a parachevé ma conviction : je ferai du droit et je serai écrivain, et rien d’autre. Toutefois, ce n’est pas tant la volonté de défendre la veuve et l’orphelin qui m’ont guidé vers le droit, mais sa façon de modeler la société et de régler les rapports entre les hommes avec cette conviction que si on change le droit, on change tout dans une société.
Parle-nous d’une journée type.
Elle commence vers 4h du matin avec la lecture du Journal Officiel, pour vérifier si un texte est paru qui impactera l’activité de la profession pour laquelle je travaille. Si aucun texte ne nous concerne je me recouche, mais dans le cas contraire, je commence à réorganiser ma journée et à prendre connaissance du texte.
Les textes sont applicables le lendemain de leur publication, je n’ai donc souvent qu’une journée, pour rédiger une circulaire explicative pour tous les tribunaux de commerce et coordonner, avec notre groupement informatique « Infogreffe », la mise en place de la nouvelle réglementation.
Apres mon arrivée au travail, les choses s’enchaînent toujours sans que je ne puisse vraiment maîtriser leur déroulement. Une demande d’avis du Ministère à traiter, une question d’une entreprise, une réunion sur l’un des projets d’innovation et de dématérialisation que je suis, une audition au parlement…les journées ne se ressemblent pas du tout. Mais elles sont bien remplies!
Quel est ton cursus universitaire ?
Après des études classiques de droit (une Maîtrise en droit des affaires et un Master 2 en droit privé fondamental), mon bref passage à Microsoft m’a fait découvrir le droit des nouvelles technologies. J’ai donc effectué parallèlement, un Master 2 à distance en droit du multimédia et des systèmes de l’information.
J’ai ensuite intégré le service juridique de l’Ecole Polytechnique avant d’être recrutée au Conseil National des Greffiers. J’aime à le dire, je n’ai pas fait de MBA, de LLM, ni Science Politique, mais ma force de conviction et mes compétences m’ont ouvert les portes. (AMEN ndlr.)
Ces diplômes et ces Ecoles sont, bien entendu, des atouts efficaces, mais on peut très bien s’en sortir sans.
Quelles sont les difficultés rencontrées durant ton parcours ?
Je suis arrivée en France à l’âge de 16 ans et j’ai intégré le lycée. Je ne dirai pas que j’ai connu le racisme, plutôt de la méfiance qui s’est dissipée, tant au niveau des professeurs quand ils ont vu mes premières notes qu’au niveau de mes camarades car j’ai toujours été assez dynamique et bout-en-train.
C’est à la Fac que j’ai eu le plus de difficultés, à l’Université – Paris 11 à Sceaux, nous n’étions que cinq ou six personnes de couleur et j’ai clairement et très souvent ressenti le racisme, mais j’ai décidé de « faire l’autruche », de ne rien voir et de me battre avec ma seule arme : mon cerveau.
J’avoue que j’ai alors eu le sentiment qu’il fallait en faire plus que les autres pour être distinguée. Ce qui rendait les choses encore plus difficiles, c’est que je devais aussi m’assumer financièrement, je travaillais donc comme caissière, de 17h à 22h. Je n’avais pas la fin de certains cours et je devais compléter avec des manuels, j’étais toujours en train de courir dans le RER et le Métro, mes mollets s’en souviennent (rires).
Mais je suis heureuse d’avoir vécu cela, car j’ai appris à me débrouiller toute seule et à apprivoiser le stress et cela se ressent aujourd’hui dans ma vie professionnelle.
Quelles sont les avantages de cette profession ? Les inconvénients ?
Être au cœur du droit, des technologies et de l’économie et voir comment ils interagissent et modèlent notre société, c’est juste magnifique.
Le plus grisant, c’est bien cela, être au cœur du système, voir passer les projets de lois, les commenter ou les critiquer, pouvoir faire des propositions pour améliorer les choses, et rencontrer des personnalités dont la vie m’a souvent inspirée…
Quant à ce que j’apprécie le moins…c’est le revers de la médaille: Les principes juridiques sont souvent sacrifiés sur l’autel de la volonté politique ou des exigences économiques et cela continue à me faire mal, je suis restée juriste.
Au-delà de tout, je crois que je suis tombée amoureuse de la France à travers ce métier. La France des entreprises est la plus belle. Elle est différente de ce qu’on voit aux JT. Elle est pleine d’audace, optimiste, talentueuse, persévérante mais pas souvent soutenue par le système politique. J’aime cette France-là, la France du mérite !
Ta place de femme dans ce milieu ? Comment la vis-tu ? Les femmes sont-elles solidaires entre elles ?
Je ne fais pas très attention au fait d’être une femme. Quand je pilote un projet ou que je dois défendre une position, je n’agis pas en femme, mais en chargée de mission, en juriste et si quelqu’un essaie de me renvoyer à ma condition féminine, une réplique ironique et bien piquante l’en dissuadera pour l’avenir.
Les élus du Conseil National me disent souvent que je suis féministe, mais je ne me reconnais pas comme tel, je suis bien plus (rires), je suis éprise de justice. Je réagis fermement chaque fois que quelqu’un émet une blague sexiste, mais je ne favorise aucune femme dans mon équipe.
Je ne sais pas s’il y a une solidarité, en fait je n’y ai jamais pensé. Mon critère unique, c’est l’investissement et la compétence.
Quels sont les conseils que tu pourrez donner à une jeune fille qui aimerait faire la même chose que toi ?
« Relever la tête, serrer les poings et prier » c’est ma devise.
Relever la tête pour voir plus loin que la mêlée et serrer les poings pour s’en extraire mais surtout, avoir la foi.
Je crois fermement que Dieu a prévu une destinée glorieuse pour chacun de nous et qu’il attend que nous prenions notre destin en mains et que nous travaillions avec lui pour y arriver.
Quel était ton modèle quand tu étais plus jeune ? Et pourquoi ?
Mon premier modèle est ma mère. C’est une femme dynamique qui a arrêté ses études pour élever ses trois enfants. Une femme qui alors que j’étais enfant, travaillait puis suivait des cours du soir et tenait un restaurant pour que nous ne manquions de rien. Une battante qui ne recule devant rien. Je l’ai vu récemment à son âge se mettre à Facebook, et gérer une page sur une de ses passions. Ma mère, une héroïne des temps modernes (rires).
Un peu plus tard, Christiane Taubira, jamais dans l’à peu près, si charismatique…
Rama Yade, très loin des clichés, compétente…
et Ségolène Royale !!! Voilà une femme qui n’a peur de rien et qui, comme un sphinx revient toujours alors qu’on la croit définitivement anéantie. Voilà j’aime ces modèles pas tant pour leurs idées mais pour ce qu’elles font, ce qu’elles dégagent, ce qu’elles transmettent.
Quel est ton produit beauté chouchou ?
Le produit que je n’ai jamais changé depuis mes 16 ans est le gommage aux céréales d’Yves Rocher et bien entendu le beurre naturel de Karité. Pour une africaine, c’est l’équivalent de l’huile d’olive pour les méditerranéens : c’est bon pour tout !
Quels sont tes futurs projets ?
Je souhaite m’engager, peut-être au niveau de ma commune, lorsque j’aurais trouvé une ville qui me convient et dans laquelle je souhaite m’établir.
Je suis également en train de créer une association, FOCUS, qui a pour but d’échanger les compétences et de créer un réseau entre l’Europe et l’Afrique de professionnels soucieux de l’éducation et de la formation de la jeunesse.
« … Maintenant, vous comprenez enfin pourquoi ma tête n’est pas inclinée.
Je ne crie pas, je parle vrai.
Quand vous me verrez en passant cela doit vous rendre fiers.
Je dis : C’est dans le clic de mes talons, la courbure de mes cheveux, la paume de ma main, le besoin de mes soins.
Parce que je suis une femme phénoménale. Une femme phénoménale, C’est moi. » Maya Angelou
En voilà une PHENOMENAL WOMAN dans toute sa splendeur, tout droit sortie du poème de Maya Angelou!!!
Merci encore pour ton partage Karla et je te souhaite pleins de bonnes choses pour la suite…
Kisses
A
Un beau portrait, qui montre qu’avoir des modèles est très important dans la vie ! Merci Kidjiworld pour le partage ! Bises !
Je t’en prie Miss!
C’est ce genre de message qui me donne encore plus envie de continuer!!
Kisses
J’ai lu avec beaucoup d’interet cet interview. Felicitation a Mme AMAN pour ce parcours hors du commun. Puisse DIEU te permettre de rester un modèl pour les générations à venir…
Très bel article. Merci à Karla pour ce témoignage, et à l’auteure pour nous l’avoir rendu accessible !
Merci beaucoup!!!