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« Tais-toi quand tu parles! » de Dido Mbalu Grédigui

« Je pense qu’il y a dans l’état d’esprit commun une notion de choix.

Quand tu arrives quelque part, on te dit soit tu vas à gauche, soit tu vas à droite. Le personnage s’est senti obligé de choisir à un moment donné de sa vie.

Elle se dit plus française qu’afro car au final elle vit en France, elle consomme français et elle veut coller à ce que ses copines sont.

Elles sont d’ailleurs de toutes les origines, de toutes les couleurs mais ce qui les rassemble c’est la France. Dans le livre, on voit qu’elle est dans cette quête, cette recherche de retrouver ses origines.

Il y a un côté où elle culpabilise de ne pas être un peu plus africaine sur des grandes choses et des petites choses, mais je pense qu’elle est plus africaine qu’elle ne pense l’être. »

Dido Mbalu Grédigui

Hello!

J’espère que vous allez bien. Je tenais à partager avec vous mon avis sur le dernier roman que j’ai lu: « Tais-toi quand tu parles! » de Dido Mbalu Grédigui.

Voilà un ouvrage que j’ai vraiment pris plaisir à lire du début jusqu’à la dernière phrase car je me suis reconnue à plusieurs moments en le lisant…

RESUME : L’histoire parle de Shadee, une jeune femme Noire, née en France et d’origine congolaise qui vit en région parisienne. Shadee travaille dans une agence de communication à Paris et aime sortir faire la fête avec ses copines. Shadee a tout pour être heureuse mais elle n’arrive pas à se défaire de sa relation toxique avec son ex Biggum. Ils se sont pourtant « quittés » en bons termes mais il fait toujours partie de sa vie, ce qui l’empêche véritablement de tourner la page..

SYNOPSIS du livre : « Shadee est pressée, elle veut aller de l’avant mais sans avoir à choisir comment avancer et dans quelle direction. La vingtaine, de toutes les façons, c’est fait pour découvrir, faire des erreurs, rire, aimer, et ça tombe bien, c’est ce qu’elle sait faire de mieux!

Les RER de 8h22 souvent ratés, les soirées où il faut être tagguées mais où on ne l’invite pas, les collègues trop fraîches pour être honnêtes, le gluten-sugar free auquel elle essaie d’adhérer avant de se laisser tenter par un taco, Shadee est une jeune femme de son temps! Presque parisienne, branchée et fière de ses origines, elle veut être aimée de Pierre, rendre fiers ses parents et réussir sa carrière sans avoir à vendre son âme au diable. Alex, Sio, Pierre et Kimya, ses fidèles partenaires, font de son monde un jeu dont il faut connaître les règles, au risque de se brûler les ailes !« 

J’ai tant de choses à dire sur ce roman que je ne sais même pas par où commencer… Déjà, on va parler un peu de l’auteure :

L’AUTEURE : Dido Mbalu Grédigui est une auteure francophone d’origine congolaise. Elle a démarré sa carrière dans la communication, puis s’est tournée vers l’informatique avant de se lancer en tant qu’auteure. Avec « Tais-toi quand tu parles! » elle signe son premier roman sorti en 2020 qui raconte sur un ton « léger, drôle et urbain » l’histoire de Shadee.

LE PERSONNAGE : On peut dire que Shadee est une jeune femme afro-française qui aime vivre avec son temps. Elle a un fort caractère, elle aime dire ce qu’elle pense sans filtres et assume ses choix de vie. Cependant, derrière son « happy face » quotidien ou encore son côté « je n’ai besoin de personnes », Shadee a besoin de se laisser aller, de relâcher la pression et d’oublier son créneau quotidien de 9h-19h00 où tout doit aller comme sur des roulettes. Elle aime les choses simples et elle reste très attachée à sa famille, admire son grand frère, adore refaire le monde avec son père et cherche une relation amoureuse stable. On sent qu’elle se pose beaucoup de questions sur son avenir…

MON AVIS : J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman car certes il est léger et se lit rapidement, mais c’est aussi une histoire qui pousse à la réflexion en tant que Femme Noire francophone. Je n’apprends rien à toutes celles et ceux qui me suivent et qui sont FANS de la série INSECURE, où voir des femmes Noires normales dans une série fait plus que du bien. 

A travers ce premier roman, l’auteure partage avec nous ses inspirations et ses attentes. Il s’agit d’un roman qu’elle a commencé à écrire quand elle était plus jeune. Il ne s’agit pas d’une histoire auto-biographique, mais on sent que certains passages du livre sont inspirés de sa propre histoire ou de personnes qui ont compté pour elle.

C’est une histoire de Femme Noire qui grandit et vit en France, qui prend le RER pour aller bosser, qui aime s’ambiancer sur du hiphop des années 2000 et qui adore refaire le monde avec ses copines tout en sirotant des cocktails ou en buvant du thé. Elle aime bien la mode mais hésite toujours à acheter une tenue qui dépasserait le prix de trois paquets de mèches pour un tissage brésilien…

A un moment, Shadee décide d’aller en soirée avec ses copines et rencontre un homme qui lui plaît mais, au lieu de lui poser des questions directement, elle choisit de se renseigner sur lui indirectement via les réseaux sociaux. Comme beaucoup, elle a eu le réflexe de le « googliser ». Après être tombée dans les pièges de son propre jeu, elle finira par comprendre que mieux vaut rester fidèle à soi-même tout en se faisant confiance…. Cela évite parfois de déformer une vision de la réalité.

Qu’est ce qui compte le plus dans la vie? Le paraître, les paillettes le « quand dira t-on? » ou rester soi-même? Mieux vaut le plus souvent rester fidèle à soi-même non?

CONCLUSION: Dans ce roman, l’auteure tente de nous montrer ce que la société attend d’une femme comme Shadee: Comment sa mère souhaiterait qu’elle soit, comment elle devrait s’habiller, se comporter ou comment elle devrait faire pour trouver un futur mari? Comment ses amies la voient et qu’est ce qu’elles souhaitent pour elle? En amour, dans le travail et dans la vie en général… Finalement, on finit par comprendre qui est vraiment Shadee, comment elle se sent dans son corps de Femme Noire d’1m60 avec ses cheveux naturels et comment elle fait pour surmonter ses peurs et ses insécurités au quotidien.

Toutes les petites anecdotes de sa vie m’ont fait sourire et m’ont fait aussi pensé à moi plus jeune. Ce qui est intéressant, c’est qu’avec beaucoup de légèreté, l’auteure traite aussi de sujets bien plus profonds qui amènent à la réflexion, comme ce que signifie pour elle grandir dans une famille congolaise en France, devoir surveiller sa « petite soeur » quand les parents partent en voyage mais qui, du haut de ses 18 ans, a l’air parfois bien plus mature que nous…Comment se sentir bien dans une relation « mixte », où les valeurs, les traditions et les coutumes sont différentes?Comment faire comprendre à son partenaire que l’on est française tout en restant fidèle et attachée à la coutume de la dot? Comment se reconnecter avec le continent africain? En apprenant une langue comme le swahili…

LES QUESTIONS POSEES DANS CE ROMAN : Je me suis reconnue à travers ces interrogations et je pense que l’auteure a voulu nous partager une partie de son histoire. Elle est également afro-française, d’origine congolaise et vit en France depuis sa naissance. Nous sommes des jeunes femmes françaises aux identités multiples et quoi qu’il arrive, l’Afrique fait partie de nous. Le continent ne nous quittera jamais!

Shadee est un personnage qui se pose des questions sur son identité, ces deux parts d’africanité et d’occidentalité qui vivent en elle quotidiennement. C’est un personnage attachant qui peine parfois à trouver son équilibre. Au final, elle parviendra à se faire confiance en se posant les bonnes questions.

A travers le personnage de Shadee, on sent aussi plâner des interrogations liées à l’afroféminisme et au féminisme intersectionnel. En effet, Shadee est caractérisée comme une femme « un peu » féministe, sans pour autant avoir le sentiment de se reconnaître dans les combats de certaines féministes françaises.

On sent que pour elle, être indépendante en tant que Femme c’est important, avoir sa liberté financière, ne plus dépendre de sa famille, de ses parents ou de son petit copain est fondamental, ou encore avoir sa voiture pour ne plus dépendre des transports ou des autres pour aller en soirée, ça : C’EST LA VIE!

Pour autant, elle a besoin de rester fidèle à elle-même et ne pas coller à une idéologie qui ne lui correspond pas… Selon l’auteure, on ne peut pas prétendre défendre les femmes quand on n’en défend qu’une seule catégorie. C’est en ça qu’elle serait « un peu » féministe. Shadee a certaines batailles qui correspondent à SA définition du féminisme et d’autres qui la laissent perplexe…

A QUI S’ADRESSE CE LIVRE : Ce roman est destiné à toute personne qui a envie de le lire et de se détendre. Il vise toutes les femmes qui pourraient se reconnaître dans cette histoire et qui se posent des questions tant sur leur vie professionnelle que sur l’évolution de leurs relations amoureuses. Et les hommes y ont aussi leur place. A travers deux chapitres, l’auteure leur laisse la parole afin qu’ils expriment leur point de vue, leurs insécurités et leurs sentiments vis-à-vis de Shadee.

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup apprécié et je dois dire que Shadee me manque déjà…J’espère que l’auteure prévoit une suite…

Bonne découverte!

« Tais-toi quand tu parles » de Dido Mbalu Grédigui, éditions La Bruyère. Prix de vente : 20 euros.

kidji

"Always higher and further together!" N'ayons pas peur de rêver et de voir la vie en GRAND!
Kidjiworld est un blog qui vous fait rentrer dans mon univers.
Joyeuse et optimiste dans la vie, je tente de faire en sorte que cela transparaisse dans mes lignes que je vous livre ici.
A très vite!

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2 commentaires

  1. Quel honneur ! Cet article reflête bien les réflexions que j’ai eu, les discussions que j’ai souhaité amener sans les imposer. merci de ce retour

    1. Je t’en prie…
      J’attends la suite de l’histoire entre Shadee et S……. (LOL!)

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