Sororité

« Black Panther » vient rappeler que les Femmes Noires ne se figent jamais!

****Attention aux SPOILERS****

Dès sa sortie en France, je suis allée voir « Black Panther », le nouveau film de Marvel pour faire honneur à ce super héros noir et à son pays africain fictif le Wakanda. En sortant de la salle, tout ce que je peux dire, c’est que j’étais loin d’être déçue de ce nouveau Marvel. On a tous applaudi comme si on venait d’assister à quelque chose d’extraordinaire! Pas étonnant que ce film ait atteint des sommets au box office…

Black Panther est un film d’aventure du début à la fin avec le souci du détail et le soin de mettre en valeur les cultures africaines. Cependant, les personnages qui ont le plus attiré mon attention étaient les femmes Noires, même si les hommes Noirs pourtant charismatiques portaient tous de jolis costumes… J’étais fascinée par les représentations des femmes Noires dans ce film. Leur intelligence et leur pouvoir étaient parfaitement mis en valeur!

Dans une des scènes du début de Black Panther, T’Challa (Chadwick Boseman) et Okoye (Danai Gurira) suivent à la trace une file de camions cachant un espion wakandais pendant une mission secrète. Cependant, avant d’enfiler sa tenue de combat pour donner une bonne leçon à ce méchant, le Général Okoye avertit T’Challa en lui disant: « Dont freeze when you see her » (« Ne te fige pas quand tu la verras »). Elle parle de Nakia (interprétée par Lupita Nyong’o), un chien de guerre wakandais très efficace qui est aussi l’ancienne copine de T’Challa. T’Challa feint d’être blessé quand il répond à Okoye, « I never freeze! » (« je ne me fige jamais! ») Malheureusement, il s’est dégonflé.

À la fin, c’est la féroce et audacieuse Okoyé qui démollit un ennemi rampant sur la tête pour sauver Nakia pendant que T’Challa admire sa beauté. 

Cependant, l’expression “I never freeze” (« je ne me fige jamais ») aurait été bien mieux prononcée par l’une des femmes Noires du film, parce qu’elles prouvent que c’est vrai à chaque moment.

La garde royale hautement qualifiée et exclusivement féminine de T’Challa, les Dora Milaje, sont la meilleure représentation du courage wakandais en plein combat. Bien que les bandes dessinées de Black Panther sont l’invention de Stan Lee et Jack Kirby de Marvel en 1966, les Dora Milaje ont vu le jour en 1998, quand les bandes dessinées de Black Panther ont été écrites par Christopher Priest et illustrées par Mark Texeira. Une partie intéressante de la mythologie de la bande dessinée ne se retrouve pas dans le film: Les Dora Milaje ont aussi un jardin dans lequel T’Challa peut éventuellement retrouver son épouse pour un moment intime…

Sous la direction cinématographique de Ryan Coogler, les femmes guerrières ne sont pas du tout des « faire valoir » qui se bornent à mettre en valeur des personnages masculins, mais elles semblent davantage égaler leurs partenaires dans leur combat mutuel afin de protéger au mieux le Wakanda des étrangers. Nakia, une espionne, décline les avances de T’Challa lors d’une scène romantique de réconciliation au début du film parce qu’elle veut conserver la liberté de poursuivre ses rêves. Même dans la version bande dessinée des Dora Milaje, elles montrent que leur allégeance au roi (et mari potentiel) a des limites; elles s’opposent à T’Challa et brisent leur loyauté envers lui quand elles estiment qu’il expose le Wakanda au danger dans le Monde de Roxane Gay (spin-off de Wakanda).

Tant à l’écran que dans la littérature, les femmes Noires sont le Nord géographique du Wakanda. C’est elles qui donnent la marche à suivre!

Marvel Studios’ BLACK PANTHER..L to R: Ayo (Florence Kasumba) and Okoye (Danai Gurira)..Ph: Film Frame..©Marvel Studios 2018

Je trouve que Black Panther puise sa force surhumaine et sa souplesse grâce à une connexion avec une déesse égyptienne du foyer et de la joie de vivre, BastSa considération et son profond respect pour les femmes et leur influence féminine dans sa vie le sauve finalement. Dans le film, Nakia aide la Reine mère Ramonda et la Princesse Shuri à quitter le royaume immédiatement après l’inattendu coup d’état d’Erik « Killmonger » du Wakanda.

Bien qu’Okoye refuse initialement de renverser le trône afin de protéger son pays, elle lève la voix lors d’une réunion du conseil contre les plans de l’usurpateur afin de déployer les armes wakandaises à travers le monde.

Quand l’ancien lieutenant W’Kabi de T’Challa (Daniel Kaluuya) égare sa loyauté à cause de Killmonger, les Dora Milaje prennent de façon saisissante des armes contre les hommes de leur tribu. Okoye se tient debout devant W’Kabi, l’amour de sa vie, et pendant ce heurt palpitant, elle lui promet de mettre fin à sa vie par dévotion pour son peuple.

Quoi qu’il en soit, on n’a pas besoin de vivre en Wakanda pour voir de nombreux exemples de femmes Noires qui sont encore et encore entièrement dévouées envers leurs communautés. 

Les Dora Milaje sont littéralement des super-héroïnes, mais le réel discours des femmes Noires sauvant l’Amérique d’elle-même loin de l’altruisme pur rate sa cible.

Comme avec les Dora Milaje, beaucoup de femmes Noires ont longtemps placé leur vie en première ligne parce que nous nous sentons responsables du destin de nos communautés. Et nous nous sentons responsables de ce qui se passent dans nos communautés, quand bien même ces communautés nous méprisent en nous considérant comme des citoyennes de seconde zone. 

A travers l’espionnage de Nakia, je pense à l’espionne et abolitionniste Harriet Tubman qui disait aux esclaves en fuite,« You’ll be free or die » (« Vous serez libres ou vous mourrez »), quand ils/elles se fatiguaient dangereusement sur le chemin de la liberté.

La passion de Nakia pour la justice et l’humanitaire fait écho au combat des femmes du Parti des Black Panthers, qui ont tout fait pour mener des opérations politiques, pour prendre soin de la communauté afro-américaine, pour protéger les membres de cette communauté noire face aux violences policières pendant le mouvement pour les droits civiques. Quand je vois Okoye, j’imagine la flamboyance de Nanny, la reine des marrons, l’une des plus grandes figures emblématiques de la résistance des esclaves de Jamaïque. C’était également une stratège militaire hors pair et fondatrice d’une ville qui porte aujourd’hui son nom: Nanny Town.

Marvel Studios’ BLACK PANTHER
Ramonda (Angela Bassett)
Photo: Matt Kennedy
©Marvel Studios 2018

Même les femmes qui ne sont pas officiellement en charge de la défense du Wakanda montrent leur force remarquable et leur courage. À 16 ans, la Princesse Shuri est l’enfant prodige qui gère toute la haute technologie du pays, mais elle n’hésite pas à prendre physiquement position contre Killmonger. La sublime Angela Bassett qui interprète la Reine mère Ramonda me fait penser à la puissante Yaa Asantewaa, la Reine mère d’Ejisu (l’actuel Ghana).

Avec son peuple face à l’attaque des colons britanniques, Yaa Asantewaa avait glorieusement dit: « Si vous, les hommes d’Ashanti, n’avancez pas, alors nous le ferons. Nous les femmes le ferons. Je ferai appel à mes concitoyennes. »

Dans cet esprit, Black Panther rend hommage à des siècles de résistance féminine face à la colonisation, l’oppression et l’injustice que nous devons continuer de combattre car ces sujets sont toujours d’actualité pour les diasporas noires.

Je pense notamment à l’activiste afro-brésilienne Marielle Franco, conseillère municipale assassinée à Rio de Janeiro le 14 mars dernier. 

Sociologue de 38 ans, Marielle Franco se présentait comme une enfant du quartier de la Maré. Elue pour la première fois conseillère municipale en 2016, elle était connue pour son activisme en faveur des femmes, de la cause LGBT, des noirs, et des habitants des favelas, et pour ses critiques à l’égard de la police militaire. La veille de son assassinat, elle protestait contre la violence à Rio de Janeiro sur Twitter. Qu’elle repose en paix…

Tout au long de l’histoire, les femmes Noires ont dans le monde entier un héritage du non-rétrécissement loin des champs de bataille, et ce malgré les barrières sexistes et racistes qui ont resserré leurs libertés (et qui demeurent limitées).

Un film montrant des femmes Noires comme des guerrières n’aurait pas pu être possible sans la première bande dessinée de Black Panther qui date toute de même de 1966.

Mais à notre époque, quand les femmes du Black Diasporan ont mené des mouvements comme #BringBackOurGirls et ont dit au monde entier que la Vie des Noirs Compte (Black Lives Matter), les guerrières imaginaires du Wakanda représentent des rôles de femmes Noires qui existent depuis toujours. Et il est grand temps de nous voir à l’écran de cette manière.

Aujourd’hui, nous pouvons montrer à nos filles, à nos soeurs, à nos nièces et à nos petites cousines, les images de femmes noires fortes de Black Panther parce que nos aïeules ont souvent dit de sang froid, « I never freeze ». (Je ne me fige jamais). 

Hâte d’échanger avec vous sur ce film et ce qui vous a le plus plu…

A très vite.

Source: Hellogiggles

Letitia Wright, Lupita Nyong’o, Angela Bassett and Dania Gurira photographed exclusively for Entertainment Weekly by Koury Angelo is Los Angeles on January 30th 2018 photographed exclusively for Entertainment Weekly by Koury Angelo is Los Angeles on January 30th 2018

kidji

"Always higher and further together!" N'ayons pas peur de rêver et de voir la vie en GRAND!
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Joyeuse et optimiste dans la vie, je tente de faire en sorte que cela transparaisse dans mes lignes que je vous livre ici.
A très vite!

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6 commentaires

  1. Ingrid a dit :

    😉 bel article plein de réfétences culturelles!

    1. Merci beaucoup Ingrid!
      Hâte de voir la suite de Black Panther avec un spécial synopsis sur les Dora Milaje!!
      Kisses

  2. Audrey a dit :

    Très bel article ma chérie! Ce film est vraiment top, à voir et revoir ensemble pourquoi pas. Wakanda forever!

    1. Merci ma Go! Oui c’est un film à voir et à revoir! Hâte que l’on puisse voir la suite avec les Dora Milaje!!
      Bisous

      Nini

  3. Perso je n’ai pas compris l’engouement pour Black Panther. Le film comporte de beaux effets spéciaux et met effectivement à l’honneur des noir.e.s, mais au-delà de leur bravoure ceux-ci font beaucoup trop souvent preuve de naïveté (ou de trop grande confiance à l’égard d’étrangers ?) à mon goût.
    Sinon pourquoi laisser par exemple l’agent secret des usa découvrir tous les secrets jalousement gardés du wakanda ?
    @kidji : Merci pour la mise en lumière de ces femmes noires fortes !

    1. Merci pour ton commentaire Axelle!
      Je voulais surtout mettre en lumière les belles femmes noires de ce film qui brisent beaucoup de clichés et de stéréotypes qui ont encore « pignon sur rue » malheureusement…
      Après le scénario de ce film reste dans l’ensemble très « américain »… (présence d’un gentil agent secret blanc qui inspire la confiance, un ennemi en colère et perdu qui méprise la tradition de ses ancêtres parce qu’il se croit « au-dessus », et j’en passe!
      Au plaisir de te lire!
      Biz

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