Le samedi 14 mai dernier, j’ai participé à la première édition de la journée « Femmes Noires et Travail ». Ce workshop a été lancé sur Twitter au courant du mois de mars 2016, à l’initiative de Mrs Roots et Marie Dasylva, deux femmes noires très actives sur les problématiques que peuvent vivre les femmes noires en France. Pour découvrir la page dédiée, c’est ICI!
L’objectif principal de cette journée entièrement dédiée aux femmes afrodescendantes était :
- de créer un espace « safe » d’échanges et de partage d’expériences; et
- d’apporter des conseils et un accompagnement assurés par des professionnels.
Guilaine Kinouani, psychologue d’origine congolaise exerçant à Londres depuis de nombreuses années, est spécialiste des questions de macro et de micro-agressions dans le monde du travail et des violences systémiques. Je vous invite à découvrir son travail ici: Media Diversified – Guilaine Kinouani
Audrey Elloh, avocate d’origine ivoirienne (et consœur) inscrite au Barreau de Paris, a présenté de manière très précise les différentes solutions juridiques contre les questions de discriminations.
Ce projet a été financé grâce à une solidarité collective née sur les réseaux sociaux et sur le site « Pot Commun ». En effet, c’est avec la récolte de plus de 2.000 euros que cette journée a pu voir le jour. Plusieurs personnes, grâce à leur participation, ont contribué à mettre sur pied cette première édition en se disant simplement que cette journée est une nécessité pour certaines, c’est important de pouvoir s’exprimer sur des questions qui passent pour la plupart du temps au second plan. Parfois, mieux vaut compter sur la solidarité collective pour pouvoir créer des micro-activités plutôt que de tendre la main vers des organismes publics qui font la sourde oreille! A bon entendeur…
J’ai été ravie de participer à cette première édition et surtout de permettre à celles qui ne pouvaient pas s’y rendre de twitter l’essentiel de cette journée via le #LeWorkShop (je dis bien l’essentiel car par souci de confidentialité, les expériences personnelles de chacune n’ont pas été communiquées sur Twitter).
Ce qui m’a le plus marqué en sortant de cette journée, ce sont les différents retours d’expériences de femmes noires qui, sans se connaître, peuvent se comprendre très aisément à cause d’un vécu, d’un quotidien voire d’un calvaire qui peuvent être les mêmes. Pour une raison inconnue, on a souvent tendance à se renfermer sur nous-mêmes plutôt que de parler de nos difficultés, afin de mettre des mots sur des situations anormales qui finissent par devenir notre quotidien. Sans doute par timidité, par honte, voire souvent par manque de confiance en soi…Le souci, c’est que la plupart du temps, ce manque d’estime de soi et de confiance finit par nous retomber dessus quand on le minimise ou pire quand on décide de se taire!
Combien de fois j’ai entendu qu’il était préférable d’accepter des propos humiliants, racistes et sexistes par peur de perdre son travail? « Non mais tu comprends, j’ai un loyer à payer, j’ai des enfants à nourrir… » Finalement, cette peur de la précarité, de la galère ou d’être cataloguée d’« Angry Black Woman » donne raison à l’oppresseur. Quoi de mieux que de garder sous le coude une main d’oeuvre moins chère, qui ne se plaint pas et qui surtout ne demande jamais d’augmentation?
J’ai trouvé cette première édition d’autant plus intéressante que la plupart des sources traitant des difficultés des femmes noires dans le monde du travail sont en anglais. Quand on apprend qu’il existe à peine 2% de psychologues noirs en Angleterre, je n’ose même pas imaginer le pourcentage de psychologues noirs en France, alors que dire des ateliers dédiées aux femmes noires et à leurs difficultés dans le monde du travail?
Pour ma part, j’ai retenu qu’il était préférable de consulter un expert plutôt que de régler nos problèmes d’ordre professionnel ou autre avec la famille ou un proche, car malheureusement, la famille ou les proches ne sont pas toujours bienveillants, objectifs ou même habilités à pouvoir nous donner de bons conseils. Encore faut-il trouver un expert compétent et surtout exempt de préjugés ethno-raciaux…
Il existe encore aujourd’hui très peu de cas d’études, de thèses ou de mémoires sur ces sujets en français, cependant, concernant la question des femmes noires diplômées face au poids des représentations et des discriminations en France, je vous invite à lire ceci: Revue: La discrimination au féminin pluriel
Cette journée a été enrichissante et nécessaire. En effet, elle a permis de mettre en relief l’empowerment de femmes noires, grâce à des intervenantes qualifiées qui maitrisaient leur sujet. Discussions, retour d’expériences, conseils avisés et partage d’ondes positives ont fait l’objet de cette magnifique journée. Nous sommes des femmes exceptionnelles, capables, talentueuses et ensemble, nous pouvons aller très loin si nous avons confiance en nous!
Un grand merci aux organisatrices de l’évènement que j’ai hâte de retrouver pour la deuxième édition l’année prochaine!