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« L’inventaires des rêves » de Chimamanda Ngozi Adichie

Je viens de terminer le dernier roman de Chimamanda Ngozi Adichie intitulé « Dream count » en anglais.

Ce roman explore les histoires entrelacées de quatre femmes Noires toutes liées entre elles par une personne commune et naviguant entre le Nigeria et les États-Unis.

De chapitre en chapitre, l’auteure nous plonge dans les pensées les plus intimes de ses quatre femmes qui pensent à leurs relations amoureuses, leurs diverses épreuves et interrogations pendant la pandémie liée au Covid-19.

SYNOPSIS

Le roman commence en 2020 sur fond de confinements et se déroule en quatre sections pour nos quatre femmes Noires extraordinaires et dynamiques dénommées : Chiamaka, Zikora, Omelogor et Kadiatou.

A travers ces quatre personnages, l’auteure explore différentes thèmes dans ce roman : l’amour, le bonheur, l’attente, la déception, la résilience et la douce défiance des femmes africaines dont la vie ne s’est pas toujours déroulée comme leurs familles igbo l’avaient espéré.

Chiamaka est la fille unique d’un riche homme d’affaires nigérian. Ecrivaine de voyage, elle se retrouve isolée pendant le confinement et commence à réfléchir à ce qu’elle appelle son « inventaires des rêves ». Elle parcours en quelques sortes les fantômes de ses anciennes relations et dresse la liste des hommes qui l’ont déçue. Elle revient sur toutes les relations déterminantes de son passé et tout ce qui aurait pu être. À la fin, elle se retrouve seule, à part pour le lien inébranlable avec ses amies, les autres femmes de ce roman.

Zikora, la meilleure amie de Chiamaka, est une avocate en droit des affaires à succès qui est impatiente de fonder sa propre famille. Elle pense avoir trouvé la bonne personne jusqu’à ce qu’un retournement de situation inattendu change tout et altère l’ensemble de ses plans. Elle est abandonnée par le père de son enfant au moment où elle révèle sa grossesse. Elle s’accroche à l’espoir qu’il reviendra rencontrer son fils, mais ce moment ne vient jamais.

Omelogor est la cousine au franc-parler de Chiamaka, a gravi les échelons de la finance au Nigéria. Pendant longtemps, elle a été une banquière prospère à Abuja et maitrisait tous les codes des opérations financières. Pourtant, elle se demande si sa vie est vraiment complète. Elle abandonne le monde de l’entreprise pour poursuivre un master en études de la pornographie aux États-Unis, fascinée par la manière dont les jeunes générations apprennent le sexe à travers les médias explicites. Mais une fois immergée dans le milieu des arts libéraux, elle devient désillusionnée par la rigidité de ce qu’on appelle l’état d’esprit libéral, qu’elle trouve paradoxalement restrictif dans sa quête de pureté idéologique.

Kadiatou est une immigrante guinéenne qui commence comme femme de ménage de Chiamaka mais devient rapidement l’une de ses plus proches amies. Elle croit au rêve américain et vient aux États-Unis à la recherche d’un avenir meilleur pour elle et sa fille Binta, qui est toute sa fierté et sa joie pour se retrouver à travailler dans un hôtel où elle est confrontée à une circonstance tragique : Elle est violée par un puissant client blanc, et à ce moment, elle craint que tous ses plans pour son avenir et celui de sa fille ne soient compromis.

L’auteure s’inspire du cas de Dominique Strauss-Kahn et de Nafissatou Diallo en 2011, et dans l’épilogue du livre, elle explique pourquoi elle a ressenti le besoin d’inclure cette histoire poignante. 

CONTENU

Au cœur de cette histoire se trouve la nécessité complexe de connexion, que ce soit à travers la famille, l’amitié féminine ou les relations amoureuses. Nous explorons comment elles façonnent notre identité et nous influencent.

On voit comment Chiamaka, Zikora, Omelogor et Kadiatou sont différentes et comment chaque aspect distinct de leur personnalité était fascinant en soi et devenait dynamique lorsqu’il était combiné. Elles s’entrecroisent dans les histoires des autres et ont un impact, qu’il soit positif ou négatif.

Nous découvrons une pléthore de thèmes et d’idées abordés dans ce roman, allant du thème clé de l’exploration des relations, de la connexion et de l’identité africaine. On y trouve aussi des commentaires intéressants sur divers sujets culturels.

Le lien entre ces quatre femmes est central et montre comment la solidarité et le soutien entre amies peuvent offrir un refuge et une force mentale. Mon préféré était sur l’essor de la femme indépendante et son désir de chercher l’amour et la compagnie selon ses propres termes, plutôt que de se conformer à des normes sociétales.

Chiamaka et Omelogor sont toutes deux des femmes célibataires sans enfants, et bien que des circonstances différentes les aient amenées à cette réalité, l’idée reste la même : Elles n’étaient pas prêtes à sacrifier leur bonheur juste pour être épouse et mère.

Le roman examine la complexité de l’identité de ces quatre femmes Noires entre différentes cultures, celle du Nigeria, de la Guinée et des Etats-Unis, et comment cela influence leur vie et leurs choix.

Toutes ces femmes font face à des défis personnels et sociaux, illustrant leur force et leur capacité à se relevé malgré les obstacles.

L’auteure aborde aussi les sujets des injustices liées au genre et à la race, mettant en lumière les luttes des femmes Noires face aux normes sociétales et aux préjugés.

Bien qu’il y ait eu des sentiments de frustration ou peut-être des réflexions sur ce qui aurait pu être, chaque femme a tout de même trouvé le bonheur et un but dans sa vie actuelle et a trouvé satisfaction dans l’amitié féminine et les voyages.

Enfin et tout au long de ce roman, les personnages naviguent entre leurs rêves et la réalité, explorant les attentes et les déceptions qui les accompagnent.

STYLE D’ECRITURE ET LISIBILITE

J’ai aimé la prose de ce roman. Elle est raffinée et profonde. L’auteure partage beaucoup de commentaires perspicaces qui offrent une expérience de lecture stimulante.

De plus, l’utilisation de la pandémie pour approfondir les thèmes des relations et de la connexion a donné le ton à une histoire réfléchie et introspective.

Le style d’écriture de l’auteure nous invite également à entrer dans l’esprit des personnages, en analysant et en percevant leurs expériences passées à travers leurs yeux.

Cela crée une plongée psychologique presque profonde dans le personnage. J’ai beaucoup aimé la dynamique de cette histoire complexe centrée sur quatre femmes Noires et surtout comment ces différentes narrations s’entrelacent pour créer une expérience épique.

DEVELOPPEMENT DE L’INTRIGUE

Toute l’intrigue de ce roman est exclusivement centrée sur les quatre personnages principaux, l’auteure a choisi de se concentrer sur les relations et les évènements qui ont façonné leurs vies tout en fournissant un commentaire social sur des sujets culturels pertinents.

Deux évènements particuliers impliquant Zikora et Kadiatou suivent une intrigue lâche, mais l’histoire de Zikora n’est pas, à mon sens, conclue de manière satisfaisante.

PERSONNAGES

Comme on peut s’y attendre dans une histoire centrée sur les personnages, le développement était très bien fait. Les personnages étaient profondément imparfaits, mais offraient de superbes études de caractère.

Un autre aspect que j’ai aimé était la manière dont le style d’écriture s’adaptait au point de vue de chaque personnage, affichant leur voix unique et permettant au lecteur de s’immerger véritablement dans ce personnage et de les comprendre plus intimement. Cela crée une expérience de lecture unique!

Peut-être que mon récit préféré était celui de Kadiatou. Le choix de présenter son récit à la troisième personne a mis en lumière ses vulnérabilités et sa naïveté concernant la compréhension de concepts extérieurs à sa culture. Cela a également servi à montrer comment beaucoup ont tendance à traiter les immigrants comme étrangers et à leur imposer des narrations particulières. De plus, nous voyons sa lutte pour naviguer dans le choc culturel alors qu’elle vit dans d’autres endroits qui ne sont pas sa ville natale en Guinée, surtout lorsqu’elle fuit vers les Etats-Unis.

CONCLUSION 

Ce roman est tout ce que j’apprécie dans la fiction littéraire. De la narration multicouches, d’une intrigue forte centrée sur les personnages, ces quatre femmes Noires fascinantes, attachantes et imparfaites, d’une portée épique, de commentaires sociaux et d’une merveilleuse exploration des thèmes entourant les relations amoureuses, la connexion et l’amitié féminine, les objectifs de vie et la quête identitaire.

J’ai également ressenti un courant de colère qui traverse « Les inventaires des rêves », et je l’ai trouvé puissant et résonant, surtout dans le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.

Comme toujours, Chimamanda Ngozi Adichie tisse habilement ses récits, donnant vie à chaque personnage avec nuance et urgence.

Ce roman en valait vraiment la peine, bien que cela ne soit pas une surprise car Chimamanda est UNIQUE! Je ne peux que vous recommandez la lecture de cette très belle histoire.

A très bientôt et bonne découverte!

kidji

"Always higher and further together!" N'ayons pas peur de rêver et de voir la vie en GRAND!
Kidjiworld est un blog qui vous fait rentrer dans mon univers.
Joyeuse et optimiste dans la vie, je tente de faire en sorte que cela transparaisse dans mes lignes que je vous livre ici.
A très vite!

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