Je viens de terminer le recueil d’essais de Roxane GAY et je peux dire que ses mots font du bien. Dans « Bad Feminist », Roxane GAY a une voix puissante, qui peut parfois déranger et faire réfléchir. L’auteure partage son point de vue sur la pop culture et sur l’état du féminisme aujourd’hui.
« Bad Feminist » est surtout un ouvrage qui nous rappelle qu’il n’existe pas «une seule» bonne manière d’être féministe. Il s’agit d’un recueil d’essais très personnels où Roxane GAY réfléchit à voix haute sur le monde qui nous entoure: cinéma, sites de rencontres, séries TV.
Dans cet ouvrage, Roxane GAY partage sa vision du féminisme en dehors des milieux universitaires qui semblent parfois soporifiques et ennuyeux. « Bad Feminist » permet de démocratiser le féminisme pour en discuter sur la place publique. On peut consommer de la pop culture tout en restant concentrée et critique sur l’état actuel de la société.
Roxane GAY affirme qu’elle est une « mauvaise féministe » car mieux vaut être une mauvaise féministe que ne pas être féministe du tout! Elle lance un pique à tous les diktats qui veulent réduire et enfermer les discours féministes dans une image négative et agressive. Vous savez cette image qui impose le mythe de la mère parfaite et de la femme parfaite.
J’avoue que je me suis plutôt bien reconnue dans sa définition de la mauvaise féministe et ça m’a fait du bien. « Bad Feminist », c’est la femme qui refuse de se conformer à un idéal et qui s’oppose à ce que l’on pourrait bien attendre d’une « vraie féministe », c’est-à-dire celle qui n’aime pas la couleur rose, qui déteste les rom-com, qui ne se rase pas les jambes, qui ne se maquille pas et déteste les hommes.
Tout comme Roxane GAY, moi non plus je ne me reconnais pas dans cette image fermée du pseudo vrai féminisme qui tend à exclure les femmes et à diviser les mouvements féminismes pour les décrédibiliser. Roxane GAY est une rebelle, un esprit critique en éveil qui refuse de se laisser enfermée dans une définition restrictive du féminisme. Elle ne veut pas porter le fardeau de la féministe parfaite. En réalité, ça n’existe pas! Donc mieux vaut s’assumer en tant que « Bad Feminist ».
Je suis Roxane GAY sur Twitter depuis des années et elle tweete régulièrement pour exprimer ses idées et sortir de son contexte purement professionnel de professeure d’anglais au Liberal Arts College dans l’Indiana.
« L’humour sur le viol est conçu pour rappeler aux femmes qu’elles ne sont pas encore tout à fait égales. De même que leurs corps et leur liberté de procréer sont ouverts à la législation et au débat public, tous les autres problèmes qu’elles rencontrent le sont. » extrait de Bad Feminist
En tant que femme Noire d’origine haïtienne, elle incarne une figure du féminisme contemporain. Elle est présente sur les réseaux sociaux tout en donnant des conférences. Elle a également participé à l’écriture de « Black Panther » avec Ta-Nehisi Coates.
Dans ce livre devenu culte, Roxane GAY propose un féminisme inclusif en s’intéressant à la pop culture, au hip hop, aux séries de Tyler Perry tout en se fondant sur sa propre histoire de femme Noire qui vit aux Etats-Unis.
Derrière ce titre ironique, Roxane GAY développe une réflexion intéressante sur l’état actuel du féminisme. Lassée des prises de position de certaines organisations féministes auxquelles elle ne se reconnaît pas, elle rappelle que la défense de l’égalité des sexes ne dispense pas d’assumer ses contradictions.
« Je continuerai d’écrire à propos de ces intersections jusqu’à ce que je n’ai plus le sentiment de désirer l’impossible. Je refuse de comprendre que ces problèmes sont trop complexes pour être compris. » Roxane GAY