Ce mardi 8 mars 2016, la Femme est célébrée partout dans le monde, et j’avoue avoir été partagée entre l’envie de célébrer cette journée et le regret qu’elle ait (encore) besoin d’exister… Pour moi, la Femme devrait être célébrée tous les jours. Non?
J’ai finalement décidé de faire un focus sur une femme africaine qui inspire, et surtout qui n’a pas peur de relever des défis pour l’avenir de son continent et de la jeunesse africaine. Spécialiste des questions de commerce extérieur et d’énergie, elle a construit un véritable « American Dream » en devenant Conseillère législative du député Bobby Rush au Congrès américain.
Cependant, se limiter à parler de son expérience américaine au Congrès serait dommage face aux multi-facettes de cette femme d’affaires accomplie, fine stratège des questions de stratégie internationale dans les relations Etats-Unis/Afrique, militante pour la cause des jeunes et des femmes, maman heureuse et surtout fervente défenseur d’un leadership africain.
Elle a gentiment accepté de revenir sur ses expériences professionnelles et personnelles, afin je l’espère, que son parcours puisse en inspirer plus d’une…
Présentation.
Je m’appelle Angelle Kwemo. Je suis vraiment tentée de vous dire que je suis avant tout une mère, mais aussi une jeune femme africaine, originaire du Cameroun, de formation juridique, issue de ce que certains appellent la méritocratie camerounaise et française, puisque j’ai fait toutes mes études secondaires au Cameroun et universitaires en France. Je tiens à préciser que ma formation de base est camerounaise, ce qui fait de moi un pur produit africain. J’ai commencé à exercer en France, en cabinets d’avocats, avant de rentrer au Cameroun pour exercer dans le secteur privé en entreprise.
Ensuite, je suis allée aux USA, où j’ai intégré le secteur du Public Policy, cela regroupe le politique, le réglementaire, les relations publiques, les échanges économiques entre Etats, le droit et le développement des pays émergents, et bien d’autres activités liées à l’ordre public.
Profession actuelle.
Aujourd’hui, je suis à la tête d’un cabinet de conseils : AstrategiK Group, que j’ai créé en 2012, qui pourvoit conseil et assistance en stratégie de développement aux entreprises privées souhaitant investir sur le continent africain. (Pour découvrir cette structure, c’est ICI)
Le cabinet accompagne et conseille également différentes structures africaines dans la promotion de leur image ou dans la définition de leur stratégie commerciale pour attirer des investissements en Afrique. Tout ce qui se rapporte aux relations politiques ou d’affaires intercontinentales dans un sens ou dans un autre, avec l’Afrique en ligne de compte, est dans nos cordes.
Nous sommes basés à Washington DC avec une succursale à Lagos (au Nigéria).
Comment se passe ton quotidien ? Tu travailles plus avec des Etats d’Afrique noire anglophones ou francophones ?
Je travaille essentiellement aves des pays d’Afrique anglophone.
Cependant, j’ai une sympathie particulière pour les pays d’Afrique Noire francophone, car je suis moi-même francophone (et francophile), mais surtout à cause du retard que les pays francophones ont par rapport à leur croissance économique.
Bien que les indicateurs soient presque les mêmes, qu’ils soient francophones ou anglophones, les taux de croissance, le développement des infrastructures et les investissements étrangers sont différents. D’une manière générale, les pays francophones sont un peu en retard et essaient de se rattraper.
Comme le continent africain est devenu un « Eldorado », chaque pays se dit « OK ! » il faut qu’on puisse attirer un maximum d’investisseurs ». Cependant, il ne suffit pas simplement d’améliorer les indicateurs, ni d’avoir un bon classement ou une bonne note. Il faut être parmi les meilleurs ! Car l’investisseur a le choix entre 54 Etats.
Etre au top dans différents domaines est capital! C’est une sorte de course. J’aime bien cet environnement là car il créé une sorte de compétition entre les Etats, ce qui les aide à se dépasser.
Face à un Etat comme la Chine, comment les Etats-Unis ont-ils adapté ou modifié leurs stratégies notamment économiques vis-à-vis des Etats africains ? (On pense notamment au Nigéria qui a inauguré son premier TGV en partie grâce à la Chine…)
Les Etats-Unis et la Chine sont des pays avec des politiques complétement différentes, qu’il s’agisse d’approche financière, de capacité financière, et même de stratégie de pénétration.
Pour rappel, les termes de financement des chinois sont beaucoup plus avantageux et plus compétitifs que ceux proposés par la plupart des autres pays. La Chine n’est pas membre de l’OCDE. Elle n’est donc pas contrainte d’appliquer les taux d’intérêts imposés par l’OCDE. En général, ils sont à 2 ou 3% en deçà des autres pays comme les USA, il existe aussi moins de bureaucratie, bien que ce soit un gouvernement centralisé. Leur régime politique est une sorte de communisme libéral, qui donne plus de pouvoir à l’Etat, et par conséquent, plus de facilités dans les procédures de conclusions des transactions.
Pour prendre un exemple simple : Par rapport aux USA, la banque américaine d’exportation va prendre environ 18 mois pour conclure une transaction lorsque la Chine prendra entre 3 et 6 mois pour le même type de transaction.
Finalement qu’est ce qui est préférable contractuellement pour un Etat africain ?
Avec les USA, on assiste à plus de benchmarks. C’est beaucoup plus régulé, et les conditions sont beaucoup plus drastiques qu’avec la Chine.
Ces conditions sont faites tant dans l’avantage des Etats-Unis que des Etats africains. Cela profite aux deux parties. Alors que la Chine, même dans leur politique interne, ils sont beaucoup moins réglementés.
Ceci étant, reconnaissons que le Chine répond aux besoins actuels de l’Afrique. Que se soit profitable au pas, le continent a un besoin urgent d’infrastructures. Elle ne peut être blâmée pour ses accords avec la Chine. Elle doit surtout savoir protéger ses intérêts. « Lorsque on se noie, on est prêt a s’accrocher au serpent comme on dit chez nous. »
Finalement, sur le long terme, peut-on dire que les relations contractuelles avec la Chine sont moins avantageuses que celles avec les Etats-Unis ?
Certes des contrats Chine-Afrique peuvent sembler intéressants, voire « juteux » sur l’instant et laisser apparaître des failles sur le long terme, mais quand on regarde l’histoire des pays africains sur ces 50 dernières années, tous les financements Occidentaux qui ont eu lieu sur le continent africain, bien que nécessaires et bienvenus, n’ont pas toujours été avantageux pour le continent. Finalement, « l’hôpital ne peut pas se moquer de la charité ».
Aujourd’hui, la capacité de négociation des Etats africains est complétement différente. On ne peut plus plaider l’ignorance car les accords commerciaux sont plus drastiques. On n’a beaucoup moins d’excuses aujourd’hui car les systèmes actuels sont beaucoup plus sophistiqués, les leaders sont plus éduqués, et plus vifs.
Je vais être un peu cynique en disant: « In life, You got what You negotiate, you don’t get what You deserve ! ». Ainsi, bien que des contrats africains ne soient pas à leurs avantages, ce n’est la Chine qui doit en être blâmée. Puisqu’il est question de négociations, nous ne sommes pas obligés d’accepter ce que l’on nous offre et je pense que nous avons de bons modèles de développement, comme au Rwanda, au Kenya, Ethiopie ou encore au Nigéria.
Le vrai probleme ne reside pas nécessairement dans les termes des financements mais surtout dans la mise en application des stratégies de développement, le climat des affaires, la gouvernance et aussi dans la gestion des projets. Eviter les détournements, corruption et fuite de capitaux ferait une énorme différence.
Aujourd’hui nous célébrons la Journée Internationale des Droits des Femmes. Quels sont les conseils que tu donnerais à une jeune femme qui souhaiterait faire la même chose que toi ? Quels sont les conseils que tu aurais aimé que l’on te donne plus jeune ?
Je vous encourage à poursuivre vos passions, vos rêves quels qu’ils soient.
Célébrons nos compétences et surtout supportons-nous les unes les autres. C’est un peu la raison pour laquelle j’ai écrit mon livre.
Je suis un peu comme un cas d’école car plus jeune, je n’avais ni modèle, ni référence directe, mis à part des femmes que j’admirais de loin comme Myriam Makeba,Winnie Mandela, Condeleeza Rice, Hillary Clinton, Margaret Thatcher, ou Oprah.
De près, j’ai eu ma mère qui est une grosse source d’inspiration pour moi, pour son courage, son travail, son sens de la justice, de la famille, du sacrifice et pour son abnégation.
Il y a également eu Maître Alice Nkom qui m’avait parrainée pour mon accès au barreau camerounais que je n’ai pas poursuivi. Elle m’a surtout donné la motivation dont j’avais besoin pour prendre ma décision de poursuivre mon rêve aux USA. Une fois partie à l’aventure, je n’ai pas eu de mentoring précis. J’ai dû m’auto-éduquer, je me suis auto-motivée tous les jours. J’ai toujours aimé l’idée d’aller à contre-courant. Voilà pourquoi j’ai appelé le livre « Against All Odds », car mon environnement me croyait un peu folle et un peu arrogante dans mes ambitions.
J’ai dû me discipliner énormément pour maintenir le cap. J’ai pris des décisions personnelles très dures, donc par conséquent, je n’avais pas eu d’autre choix que de réussir. Je me suis fixée des objectifs à atteindre. J’ai connu des hauts et des bas mais ma passion m’a fait avancer.
En réalité, par ce livre, je partage une partie de moi, les leçons tirées de mes points forts et faibles, mes succès et échecs, en espérant que cela permette à d’autres jeunes de réaliser leurs rêves. Ce n’est pas une psychanalyse, mais j’ai essayé de faire une rétrospective, afin de voir mon vécu et de pouvoir identifier, dans ce vécu, les conseils que j’aurai voulu avoir, ce que j’énonce dans mon livre sous forme de règles.
C’est mon humble contribution à l’émancipation des femmes et jeunes leaders. Les revenus de la vente du livre serviront au financement de mon initiative de soutien aux jeunes africains. Les leaders de qualité contribuent à 50% de notre succès, tout autant que les capitaux.
Je serai honorée de contribuer à l’essor de nombreuses « Angelle Kwemo », des rêveuses comme moi, qui sommeillent dans les rues de Douala, Bangui, Lagos etc… le livre : « Against All Odds : How To Stay On Top Of The Game » est un manuel de conseils pratiques qui sera en vente à compter du mois de mai 2016.
Le 27 janvier dernier, Christiane Taubira a choisi de démissionner du gouvernement actuel, en partie à cause du projet de loi concernant la déchéance de nationalité pour les terroristes bi-nationaux. Elle se sentait à l’étroit au sein de ce gouvernement.
Mes questions sont les suivantes : Comment as-tu réussi à rester un « électron libre » dans un univers qui aurait pu te formater ? Comment tu gardes ton intégrité, comment rester soi-même dans un univers aussi blanc, masculin, âgé et républicain » que le Congrès américain ? Comment tu t’es sentie en tant que jeune femme noire francophone dans ce milieu ?
Très honnêtement, au début, je prenais cela comme un handicap, avant de rapidement me rendre compte que c’était un très gros avantage. Parfois les faiblesses deviennent des points forts.
Dans le cas de Taubira par exemple, ce qu’elle a fait est honorable. Dans la vie, il n’y a rien de pire que de perdre son authenticité. Il n’y a rien de pire que de se regarder dans la glace et ne pas être fière de soi.
A la fin de la journée, on se retrouve seule avec soi-même, et ce ne sont ni les succès de la journée, ni les titres qui importent, mais seulement l’image que nous projetons de nous-même. Plus vous évoluez socialement, plus vous êtes seule. Aussi, si l’on ne parvient pas à apprécier sa propre compagnie, c’est le début de la déchéance.
Finalement, Christiane Taubira est Christiane Taubira, ministre ou non, elle est et restera Christiane Taubira, peu importe son titre. Je pense que ce qui fait l’individu, ce n’est pas le poste qu’il occupe. Finalement, c’est toi qui fais le poste. Elle est restée fidèle à ses convictions. Il n’y a rien de pire intellectuellement que de promouvoir des causes auxquelles on n’adhère pas soi-même. Sa démission est un choix très respectable. Je suis convaincue que son futur est prometteur. Du moins, je le lui souhaite.
En ce qui me concerne, comme pour toutes les femmes africaines, nous sommes obligées de travailler trois fois plus afin d’être prises au sérieux. Le sachant d’avance, l’on ne pourrait être surpris de rien.
Dans tous les cas, même si l’on ne parvient pas à atteindre l’objectif fixé, on grandit en expérience. La vie est une école. Pendant ma période au Congrès, être « outsider » a été un gros avantage, car je pouvais apporter un autre regard sur les questions traitées. J’avais la capacité de voir les choses de manière différente, avec une autre lecture des choses, et surtout, je n’étais pas formatée comme tout le monde autour de moi. Je considérais même que c’était une avance par rapport aux autres.
Avoir la maîtrise de plusieurs systèmes politiques et culturels est un plus en ce qui concerne les relations internationales. Le système américain permet aux différences d’avoir leur place. Etre authentique est apprécié. Le plus important est d’être performant.
Comment as-tu conjugué ta vie de Maman avec ta vie professionnelle ?
Honnêtement, je ne sais pas comment j’ai fais.
Lorsque je suis arrivée aux USA, j’entendais les gens dire « She is a single Mother ». Je me demandais, mais pourquoi ils disent ça ? « I’m a Mother, that’s it ! » Je ne comprenais pas le concept de « Single Mother » jusqu’à ce que je sois confrontée aux contraintes associées au fait d’avoir seule la charge de deux filles. Les déposer à l’école le matin, les aider à faire leurs devoirs le soir, les accompagner à leurs activités extra-scolaires, entretenir la maison, les éduquer dans nos valeurs africaines, les superviser les week-ends et bien entendu, en assurer les charges financières.
Aux USA, nous ne bénéficions pas du même soutien social que l’on peut bénéficier en France ou en Afrique.
En France, en cas de difficultés, vous pouvez recevoir un soutien de l’Etat, mais aux USA, sauf cas de force majeure, ce n’est pas le cas. Dans la classe moyenne, beaucoup de gens cumulent 2 voire 3 boulots, car avoir un seul revenu dans un ménage est très compliqué.
Pour ma part, je me suis retrouvée seule avec deux petites filles, je ne sais pas comment j’ai fait pour m’en sortir, mais ce que je faisais systématiquement, c’était de ne travailler que du lundi au vendredi, et je n’étais jamais au bureau le week-end. Je m’étais imposée cette règle pour passer tous mes week-ends à la maison avec mes enfants. Ce n’était pas évident mais je m’y suis cantonnée.
Dans la semaine, il m’arrivait de rentrer tard et de faire les devoirs avec mes filles au téléphone, on n’avait pas Facetime à l’époque (10 ans déjà rires !). Pour le repas du soir, les enfants ont rapidement appris à réchauffer ce qu’il y avait à réchauffer. J’ai eu de la chance car elles sont arrivées aux Etats-Unis à l’âge de 9 ans pour la dernière et 11 ans pour la grande, les bases étaient déjà posées. A ce propos, je remercie vraiment mes parents et mes beaux-parents. Je suis très fière de ce qu’elles sont devenues. Je peux dire avec certitude qu’elles représentent ma plus grande réussite.
Un article du journal Le Monde parlait du fait que, parmi les enfants d’immigrés africains vivant en France, les garçons réussissaient moins bien que les filles à l’Ecole.
D’une manière générale, en discutant avec des amies d’origine africaine qui, comme moi sont nées et ont grandi en France, on en arrive au même constat : Très souvent, au sein d’une même famille, les filles se débrouillent beaucoup mieux que leurs frères, et ce quel que soit le niveau d’études. Qu’en penses-tu ? As-tu déjà constaté ce phénomène en France ? Aux USA ?
Selon les statistiques d’entrée dans les écoles post-Bac aux Etats-Unis, Il y a plus de filles qui font des études supérieures. On constate également que les filles sont plus travailleuses et réussissent mieux que les garçons à l’Université. Même dans un pays comme l’Arabie Saoudite, le taux de participation des filles à l’Université est de 54%, et les écoles d’ingénieurs sont dominées par les filles, les écoles de droit dominées par les filles. Ce phénomène est plus ou moins général. Historiquement, la femme a pendant longtemps été exclue du système éducatif. Même en France, le droit de vote des femmes ne date que de 1945.
Dans les compétences, il n’y a pas de sexe. Il faut le rappeler c’est important. Maintenant que les opportunités sont données à toutes et à tous, on est surpris de voir plus de femmes, mais on ne devrait pas.
Si les hommes s’en sortent moins bien que les femmes, c’est peut-être parce qu’à un moment donné, ils ont eu les choses trop facilement. Maintenant qu’il existe un peu plus de concurrence, c’est plus difficile pour eux car avant, ils étaient les seuls. La concurrence est plus grande, tout sexe confondu.
Quelle est ta vision du féminisme ?
Je ne suis pas une féministe à proprement parler. Je pense que la compétence n’a pas de sexe, ni de couleur, ou même d’appartenance religieuse. C’est notre vécu, notre détermination personnelle, notre contexte qui font la différence.
Lorsque l’on a un programme de société qui décide de cantonner les femmes à rester en cuisine, elles seront bonnes dans les cuisines, encore que le métier de Chef de cuisine est dominé par les hommes. Il suffit simplement d’avoir un idéal de société. Ignorer 50% de son potentiel en isolant les femmes, c’est de l’auto-flagellation et c’est contreproductif.
Le monde a intérêt à faire fructifier son potentiel féminin. C’est n’est plus une question d’équité, de générosité ou de parité de la part de nos dirigeants. C’est plutot une question de survie.
La femme a beaucoup de pouvoirs, que ce soit dans des sociétés matriarcales ou non, mais il ne faut pas les dévoiler, c’est top secret (rires !).
Les femmes ont toujours été très influentes, mais elles n’ont pas souvent été mises en avant. La question est de savoir si le fait d’être mise en avant rendent plus fortes ou pas les femmes ? Pas forcément.
Voilà pourquoi je ne suis pas une véritable féministe, je crois aux compétences, je crois aux gens qui se préparent à la compétition. Je ne veux pas que l’on me regarde juste comme étant une femme.
Le problème, c’est qu’en général, dans les négociations, on te regarde toujours comme étant une femme. Cependant, le gros avantage, c’est que parfois, on te sous-estime. C’est une arme terrible, car on ne t’attend pas, on ne te voit pas venir ! (Rires !). Je crois aux compétitions justes.
Si l’on établie des règles de jeux claires et équitables à tous, tous genres, races, classes et religions confondus, il est sûr que nous verrons des résultats différents. Si nous arrivions à nous cantonner à cette règle, je pense que les femmes iraient encore beaucoup plus loin. Cependant, il faudrait que les femmes se reprogramment aussi, il ne faut surtout pas se positionner en victime.
Quand on est bon, on est bon, quand tu es bon et que tu es une femme, c’est même encore mieux ! Parfois, la frustration te rend encore beaucoup plus forte. Je dis souvent aux jeunes filles, quel que soit ce que vous voulez faire, faites-vous un plan, bossez dur, et juste foncez sans trop vous posez de questions ! Il faut rester concentré sur son objectif.
Connais-tu la République Centrafricaine ?
Non, je ne connais pas bien la République Centrafricaine. Cependant, j’ai parlé à des jeunes filles centrafricaines une fois, par le biais de l’ambassade des Etats-Unis en Centrafrique. Les questions concernaient de jeunes femmes qui souhaitaient continuer leurs études, mais qui redoutaient de ne pas trouver de maris.
Elles se demandaient donc s’il fallait ou pas se compromettre. C’étaient des questions très difficiles, car très personnelles. Mon humble opinion est qu’il faut tout faire mais rester femme. Les hommes ont leur regard à eux sur la femme. Il faut parfois s’accommoder de ce regard-là, ce qui demande d’énormes sacrifices. Conjuguer nos ambitions à l’égo masculin des hommes qui nous environnent est parfois difficile. Mais gardons en tête nos objectifs et assumons les conséquences de nos choix.
Une femme aussi charismatique et intelligente que toi effraie-t-elle les hommes ?
C’est une question que tu devrais poser aux hommes. Oui, une femme charismatique et indépendante peut être intimidante pour certains hommes, mais nous ne pouvons pas généraliser. Le plus important, c’est d’être soi-même et authentique.
Je sais quel sacrifice cela peut représenter. Pour ce qui concerne votre génération, en étant réaliste, je ne peux pas dire que vos ambitions vont vous rendre la vie facile concernant les relations homme-femme.
Ton produit de beauté chouchou ?
J’utilise une lotion pour le visage et une crème hydratante pour le corps. Je peux me passer de maquillage mais pas de lotion.
En général, j’aime bien des produits naturels, comme le beurre de karité, je mélange des produits locaux quand je vais en Afrique, à base de vitamine E, d’huile de cacao, d’huile d’argan, je fais mes mélanges moi-même. Je déteste avoir le visage qui brille et je fais très attention à bien conserver la couleur de mon teint, je ne veux surtout pas éclaircir.
Pour finir, présente-nous le Believe in Africa (BIA) et les prochains évènements pour cette année.
Believe in Africa a enfin créé une filiale européenne : BIA Europe, constituée ici en France. Le but de l’Association est de donner de la visibilité à la diaspora africaine d’Europe. Elle va porter l’initiative culturelle « Be Live 4 Africa » lancée l’année dernière. Cette année, nous aurons un format unique et innovant, avec plusieurs panels et nous allons faire une alternance débats et shows. Nous discuterons de problématiques de paix, de tolérance et d’unité dans une ambiance de divertissement.
Le but de Believe in Africa : Montrer une autre facette du divertissement fait par les africains, une autre facette de l’Afrique en général, apporter une belle énergie, à la jeunesse créative de la diaspora africaine. Sarada (sa nièce) et son équipe font du bon travail. Je suis très fière d’eux. (Une équipe à suivre sur Facebook: Facebook Page).
Encore un grand MERCI à toi Angelle pour ces échanges plus qu’intéressants. Par ta détermination, la force de ton caractère et ton travail, tu nous donnes envie de dire que « C’est possible de croire en ses rêves et tout faire pour qu’ils se réalisent ». Merci encore pour ta gentillesse, pour ton humilité et ta disponibilité malgré un emploi du temps de ministre (LOL!). J’espère que ces échanges avec cette jeune, puissante et talentueuse femme africaine vous inspireront et vous donneront plus qu’envie de vous surpasser!
A très bientôt et encore Bonne Fête à Toutes!